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Le 23 août 1973, un évadé de prison, Jan Erik Olsson, tente de commettre un braquage dans l'agence de Kreditbanken du quartier de Norrmalmstorg à Stockholm, à une heure où la succursale vient d'ouvrir et n'a pas encore de clients. Lorsqu'il tire une rafale de mitraillette en l'air, des dizaines d'employés s'enfuient ou se jettent au sol. L'intervention des forces de l'ordre l'incite à se retrancher dans la banque où il relâche le personnel, ne prenant en otage que quatre personnes. Il demande aux négociateurs 3 millions de couronnes, des armes, un gilet pare-balles et un avion pour s'enfuir, et obtient la libération de son compagnon de cellule, Clark Olofsson, qui peut le rejoindre. Les deux hommes et leurs otages se retranchent dans la chambre forte de la banque. Curieusement, pendant les six jours de négociation, les employés font confiance à leurs ravisseurs et se méfient des forces de l'ordre.
Le 25 août, un policier prend l'initiative de fermer la porte de la salle des coffres. Les six personnes sont prises au piège. Malgré le cloisonnement, otages et ravisseurs finissent par développer un sentiment mutuel d'estime et de sympathie. La police perce des trous dans le plafond de la chambre forte et fait usage de gaz anesthésiants, ce qui permet leur libération le 28 août. Les forces de l'ordre assistent à des scènes surréalistes au moment de cette libération. Les employés refusent d'être secourus. Kristin, l'une des otages, sténographe dans la banque, exige que les deux criminels passent devant, de peur qu'ils soient abattus par la police. Avant de sortir de la chambre forte, criminels et otages se prennent dans les bras et se disent au revoir chaleureusement. Après leur arrestation, les victimes refusent de témoigner à charge, se cotisent pour assurer les frais de la défense des deux hommes et vont leur rendre visite en prison.
Sur les quatre otages, deux quitteront leur emploi par la suite, l'une devenant infirmière, l'autre assistante sociale. La prétendue relation amoureuse entre Jan Erik Olsson et Kristin Enmark n'est cependant qu'une légende urbaine.
Analyse du syndrome
Trois critères :
le développement d'un sentiment de confiance, voire de sympathie des otages vis-à-vis de leurs ravisseurs ;
le développement d'un sentiment positif des ravisseurs à l'égard de leurs otages ;
l'apparition d'une hostilité des victimes envers les forces de l'ordre.
Pour que ce syndrome puisse apparaître, trois conditions sont nécessaires :
l'agresseur doit être capable d'une conceptualisation idéologique suffisante pour pouvoir justifier son acte aux yeux de ses victimes ;
il ne doit exister aucun antagonisme ethnique, aucun racisme, ni aucun sentiment de haine des agresseurs à l'égard des otages ;
il est nécessaire que les victimes n'aient pas été préalablement informées de l'existence de ce syndrome (dans certains cas, l'agresseur peut faire preuve d'une conceptualisation idéologique capable de convaincre une victime préalablement informée du syndrome).
Le syndrome de Stockholm peut être vu comme une manifestation inconsciente de survie : le sujet concerné, en s'attirant la sympathie de l'agresseur, peut se croire partiellement hors du danger, voire susceptible d'influencer les émotions de l'agresseur. Si la pacification débouche sur une fraternisation, il peut même imaginer sauver sa vie. C'est en fait surtout de sa propre angoisse que le sujet se protège, car le danger est toujours réel : l'agresseur n'a pas lancé son action sans être prêt à toutes ses conséquences.
Le syndrome de Stockholm est un syndrome émergent psychotique comme on en observe parfois dans les situations extrêmes, y compris si le sujet n'a pas une personnalité psychotique.
Dans La Peur de la liberté, Erich Fromm énonce en 1940 les bases psychologiques causant ce syndrome, sans le nommer ainsi : il décrit la vénération de l'enfant envers un père despotique et autoritaire ainsi que son identification avec lui, comme un moyen d’échapper à l'angoisse que lui provoquerait la confrontation ainsi que pour éviter le sentiment de culpabilité que lui procurerait le fait de le haïr. Il décrit ce même phénomène dans la relation que le citoyen d'un régime despotique entretient avec le dictateur. L'amour ou la vénération deviennent ainsi des palliatifs qui résolvent « magiquement » toute la complexité conflictuelle de la situation. Ce même type de relation a été constaté chez certains « collabos » envers les forces d'occupation pendant la guerre.
Paul Roazen explique comment ce phénomène d'adoption de la pensée dominante et d'identification avec leurs représentants, peut se reproduire même dans un contexte démocratique, ou dans le sein d'une communauté dont le sujet n'a pas le courage de contredire les valeurs, ou par nécessité de reconnaissance de la communauté, adoptant le jargon, la tenue vestimentaire, etc. Ceci n'est pas le syndrome de Stockholm, mais relève des mêmes ressorts psychologiques énoncés par Erich Fromm.
Le terme Syndrome de Stockholm sera adopté après l'incident à Stockholm en 1973 pour désigner ce phénomène d'abandon de son identité par crainte de l'autorité. Entretemps, l'expérience de Milgram avait permis de la mettre en évidence expérimentalement.
Pour Saverio Tomasella, le syndrome de Stockholm ne découle pas seulement de la fragilisation de la personne prise en otage, « soulagée d'avoir échappé au pire, notamment à sa mise à mort », donc étrangement reconnaissante envers son agresseur, « il est la marque d'une effraction gravissime de l'intériorité de l'être humain qui a vécu, en direct et impuissant, le rapt de son identité subjective ».
Cette modalité psychique d'adaptation à toutes sortes de situations traumatiques a été abordée également par Janine Puget[citation nécessaire.
Le comportement, paradoxal et apparemment incompréhensible, des victimes dans le syndrome de Stockholm, qu'on retrouve notamment chez les victimes de prises d'otages, a également été décrit et analysé en 1978 par le psychiatre américain Frank Ochberg, en relation avec un fait divers[réf. souhaitée].
Polémique
Les faits survenus lors de la prise d'otage de 1973 auraient été relatés d'une manière biaisée par le psychiatre en charge de l'affaire, Nils Bejerot. La police aurait fait preuve d'un manque de maîtrise de l’évènement, rendant la situation plus dangereuse et instable qu'elle ne l'était déjà. C'est ce qui aurait amené les otages à craindre pour leur vie non pas à cause des preneurs d'otages, mais des forces de l'ordre. A la fin de la prise d'otage, les vives critiques émises par Kristin Enmark sur le comportement dangereux de la police et de Bejerot pendant les 6 jours de la prise d’otages ont alors été évaluées par ce dernier comme incohérentes, sous le prétexte d'un syndrome traumatique qu'il venait d'inventer.
Cette évaluation psychiatrique étonnante le dédouanant ainsi de toutes critiques dans la gestion de l’évenement. Durant sa captivité, Enmark avait demandé à parler avec Bejerot par radio. Il refusa. Enmark dira alors : « [La police] est en train de jouer avec nos vies. Et ils ne veulent même pas parler avec moi, qui suis celle qui va mourir si quelque chose se passe »
Mécanismes sociologiques et psychologiques similaires
Identification à l'agresseur : le mécanisme du syndrome de Stockholm peut se rapprocher des découvertes du psychanalyste Sándor Ferenczi – qui amènent Anna Freud à théoriser le concept d'« identification à l'agresseur » (Le moi et les mécanismes de défense, 1936). Erich Fromm dans La peur de la liberté étend ce concept à identification à l'autorité ou à l'idéologie dominante.
Syndrome de Lima : un syndrome similaire peut s'appliquer aux ravisseurs lorsque ceux-ci sont influencés par le point de vue de l'otage. On parle dans ce cas de syndrome de Lima.
Relation entre le dictateur et son peuple : la haine envers le dictateur, ajoutée à la peur qu'elle puisse être découverte provoque dans le sujet une simulation de sympathie à laquelle le sujet finit par croire. Il y a un mécanisme de refoulement capable de se transformer en admiration ou idolâtrie. Ernesto Sábato dans Nunca màs commente l'existence d'apologistes de la dictature qui ont eu une sensation de s'être « réveillés » après sa chute.
Violence conjugale
Maltraitance
Éducation parentale (avec violence et contrainte)
Dans ces trois derniers cas, les individus battus ne se plaignent pas, n'osent pas résister ou dénoncer et, malgré des moments de doute, croient (devoir) éprouver de l'affection pour leur(s) tortionnaire(s), qu'ils idéalisent.
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Merci cocotte
Faut connaître l'expérience de Stanley Milgram pour réaliser que
l'esprit est souvent lâche et cherche par des moyens détournés la
facilité. La soumission est alors souvent privilégiée à la rébellion
et surtout déculpabilise le libre-arbitre, faculté que chacun se
doit/devrait d'utiliser.
Ce syndrome me ramène toujours au pauvre chien qui se fait
battre constamment mais qui se réjouit tout de même lorsque
son tortionnaire le flatte.
Pauvre animal , il ne peut être blâmé pour sa réaction contrairement
à celle de l'homme.
''Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine... mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue.''
Albert Einstein
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« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »
Anaxagore de Clazomène...repris par Antoine Lavoisier
Tout ce que vous pouvez imaginer, la nature l'a déjà créé. Einstein
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Compréhensible mais déprimant...
Sachant à qui je plais, connais ce que je vaux.
Devise des chats
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Merci cocotte.
Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il le croit (La Rochefoucauld)
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Merci cocotte.
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