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La rumeur d’Orléans est une affaire à la fois judiciaire, médiatique et politique qui se déroula, comme son nom l’indique à Orléans, en 1969. Cette rumeur a prétendu que des jeunes femmes disparaissaient dans des cabines d’essayage de magasins de lingerie tenus par des juifs, en vue de les prostituer à l’étranger. Selon la rumeur à l’époque, ces événements auraient lieu dans la rue de Bourgogne. Les cabines d’essayage de six magasins d’habillement seraient ainsi équipées de trappes qui s’ouvriraient lorsque des clients y entreraient. Les jeunes femmes seraient ensuite droguées et séquestrées dans des caves avant d’être transportées par bateau ou même en sous-marin (selon les versions) à destination de l’étranger pour y être prostituées. Conséquence de cette folle rumeur, le chiffre d’affaire des magasins en question s’effondre. La police ainsi qu’une équipe de cinq chercheurs en sociologie, avec à leur tête Edgar Morin, s’intéresse à cette rumeur. Un livre paraitra peu après. Edgar Morin et son équipe arpentent le terrain, conduisant de nombreux entretiens avec des Orléanais pour comprendre comment les habitants perçoivent cette histoire d’enlèvement.
Il constate rapidement qu’aucun rapt n’a été déclaré. Comment, dès lors, expliquer cette rumeur ? Selon Edgar Morin: « L’irruption de cette rumeur dans une ville tranquille me paraissait révélatrice des transformations profondes que subissait la société française à l’époque. Nous nous trouvions face à la résurgence dans une cité moderne de récits empruntés au Moyen Âge. » Il se rend compte que des rumeurs similaires d’enlèvement existent dans d’autres villes : à Nantes et à Paris. Mais à Orléans l’affaire présente une spécificité: tous les commerçants visés étaient juifs. Le juif, une fois de plus dans l’histoire, jouait donc ici le rôle immémorial de bouc émissaire. Selon les mots d’Edgar Morin: “Il catalysait l’angoisse du reste de la population”. Une angoisse selon lui qui tenait à l’inquiétude devant les bouleversements sociaux qui s’accélèrent au lendemain des événements de 68: « Cette inquiétude me semblait liée à la peur du changement. Celui qu’incarnaient, à leur manière, ces jeunes filles qui allaient dans des magasins pour acheter des minijupes ou des vêtements à la mode.
Ce délire antisémite du marchand juif enlevant des jeunes filles pour alimenter un réseau secret de prostitution révélait le malaise de certaines de ces femmes, tiraillées entre l’envie de jouer les affranchies et leurs vieilles inhibitions. Leurs parents pouvaient, par ailleurs, utiliser cette rumeur en leur disant : Vous voyez, on commence par la minijupe, mais on ne sait pas où ça peut conduire… »
Si ce sujet vous interesse je vous conseille la lecture de La rumeur d’Orléans, d’Edgar Morin, paru en Poche.
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Des rumeurs semblables et sans fondement réel (le coup des cabines d'essayage) ont circulé, dans ma jeunesse, liée à la ville de Charleroi, mais pas dans un contexte antisémite. À l'époque, on parlait beaucoup de «la traite des blanches». Est-ce parce que Charleroi est une ville ouvrière cosmopolite? Sais pas! Rien à voir avec la sordide affaire Dutroux qui s'est produite bien après.
Quand la rumeur s'emballe et qu'elle trouve des boucs émissaires...
Merci, cocotte!
Dernière modification par Verdunet (2019-11-14 12:04:00)
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Merci cocotte.
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Misère!
Fake news comme dirait l'autre...
Sachant à qui je plais, connais ce que je vaux.
Devise des chats
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Le dommage que peut faire des rumeurs même si elles sont fausse.
Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il le croit (La Rochefoucauld)
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Merci cocotte
''Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine... mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue.''
Albert Einstein
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